Chimiothérapie et la perte de cheveux: tout ce que vous devez savoir. - Crüe Cosmetics

Chimiothérapie et la perte de cheveux: tout ce que vous devez savoir.

Publié par Crüe Cosmetics le

Écrit par : Bissan Debsi WTS-MBT Société mondiale de trichologie

L’Alopécie chimio-induite (ACI) est une perte anormale de cheveux causée par les effets toxiques de la chimiothérapie. La gravité de l’ACI dépend de nombreux facteurs tels que le type de médicament utilisé, la dose, la durée du traitement, la voie d’administration, ainsi que des caractéristiques liées au patient telles que l’âge, l’existence d’une certaine forme de perte de cheveux (le plus souvent une alopécie androgénique), l’état nutritionnel et hormonal, qui peuvent tous augmenter les facteurs de risque de perte de cheveux. (1)

La perte de cheveux est considérée comme la composante la plus pénible de la chimiothérapie. L’Alopécie chimio-induite (ACI) affecte négativement l’image corporelle, la sexualité et l’estime de soi, de sorte que jusqu’à 8 % des patients refusent la chimiothérapie en raison du risque de perte de cheveux. (2) Ce stress psychoémotionnel chronique peut réduire les efforts antitumoraux et ralentir la guérison.

Les agents de chimiothérapie les plus couramment utilisés pour combattre les tumeurs sont :

  • Les agents antimicrotubules : type de médicament qui bloque la croissance des cellules en stoppant la mitose (division cellulaire).
  • Inhibiteurs de topoisomérase : substance qui bloque les topoisomérases, enzymes qui cassent et recollent les brins d’ADN et qui sont nécessaires à la division et à la croissance des cellules.
  • Alkylateurs : substances qui interfèrent avec l’ADN de la cellule et inhibent la croissance des cellules cancéreuses.
  • Antimétabolites : ils affectent la synthèse de l’ADN en se substituant aux métabolites réels qui seraient normalement utilisés dans la synthèse de l’ADN.
  • Les antimétabolites : ils affectent la synthèse de l’ADN en se substituant aux métabolites réels qui seraient normalement utilisés dans le métabolisme, par exemple les antifolates qui interfèrent avec l’utilisation de l’acide folique.

Statistiquement, chaque agent chimio thérapeutique affecte la chute des cheveux de manière différente. Des études ont montré que 80 % des patients qui prennent des agents anti-microtubules souffriront de ACI. De 60 à 100 % des patients qui prennent des inhibiteurs de la topoisomérase, 60 % des patients qui prennent des alkylateurs et de 10 à 50 % des personnes qui prennent des antimétabolites souffriront également de ACI.

La bonne nouvelle est que l’ACI est généralement réversible si elle est bien prise en charge. Comme la partie anagène du cycle pilaire se produit dans les 3 à 6 mois, la plupart des cheveux repoussent 3 à 6 mois après l’arrêt des agents de chimiothérapie.

Cependant, les nouveaux cheveux qui poussent peuvent présenter des changements de couleur et/ou de texture.

L’ACI permanent est inhabituel et n’a été lié qu’à une chimiothérapie à forte dose ou à l’utilisation des médicaments Busulfan et Cyclophosphamide, qui peuvent être le résultat de dommages causés aux cellules souches du follicule pileux. (2)

Le stress émotionnel étant le principal facteur contribuant à l’ACI, il est très important que le patient consulte un trichologue avant de commencer la chimiothérapie, afin d’identifier tout état de perte de cheveux préexistant et de le stabiliser au préalable.

L’Alopécie chimio-induite et le cycle pilaire :

Le follicule pilaire est un élément bien structuré de la peau. La papille est une structure qui forme une tige capillaire se déplaçant vers l’extérieur du derme à la base de chaque follicule pileux. Elle est constituée d’une série de cellules matrices qui se divisent rapidement. Le développement du poil commence après la naissance et dure toute la vie, en passant par quatre étapes, comme le montre la figure 2.

Pourquoi un Trichologue ?

En tant que trichologues, nous étudions le cycle du cheveu de manière approfondie, ce qui nous permet de mieux comprendre comment les agents de chimiothérapie affectent les cheveux.

Comme les cycles catagène et télogène sont des stades inactifs, ils ne sont pas affectés par la chimiothérapie. Cependant, lorsque le cheveu se trouve dans la phase anagène tardive, qui est marquée par un taux de division cellulaire (mitose) plus faible, la chimiothérapie accélère la transition normale vers la phase télogène.

Il est facile de comprendre pourquoi le cuir chevelu est la région la plus touchée si l’on considère que jusqu’à 90 % des cheveux du cuir chevelu sont naturellement en phase anagène. Pour en savoir plus sur les cycles des cheveux, consulter le billet de blogue suivant : Les 5 phases du cheveu.

Début de la chimiothérapie

Au début des agents de chimiothérapie, les follicules pileux en croissance développent des anomalies que l’on appelle dystrophie du follicule pileux.

  • Des dommages folliculaires moins importants induisent la réponse anagène dystrophique, qui se produit progressivement, suivie d’une phase plus longue de récupération.
  • Des dommages folliculaires plus sévères induisent le catagène dystrophique, qui se produit immédiatement à la fin de l’anagène, suivi d’un télogène anormalement court, puis d’une récupération rapide. (5)

Ceci nous laisse conclure que des dommages plus sévères engendrent une récupération plus rapide.

En raison des problèmes éthiques liés à l’obtention de biopsies du cuir chevelu de patients traités par chimiothérapie, on sait peu de choses sur les mécanismes induits par les agents chimio thérapeutiques dans les follicules pileux humains.

La plupart de ces informations importantes proviennent de modèles animaux de perte de cheveux induite par la chimiothérapie établis au cours de la dernière décennie.

La protection contre la perte de cheveux induite par la chimiothérapie :

La perte de cheveux est une préoccupation majeure pendant les régimes de chimiothérapie. Le développement de nouvelles thérapies pour prévenir l’ACI n’a pas été étudié au niveau microscopique, mais seulement d’un point de vue cosmétique. C’est-à-dire par le degré de perte de cheveux et la nécessité pour les patients de porter un couvre-chef, comme une perruque, ce qui ne montre pas toute l’étendue de la pathogenèse.

Par conséquent, diverses mesures préventives ont été proposées et tentées pour minimiser la ACI depuis les années 1970, telles que :

Le refroidissement « scalp cooling » du cuir chevelu.

Le refroidissement du cuir chevelu a été la mesure préventive la plus utilisée et la plus étudiée. Les agents de refroidissement sont généralement ajoutés au cuir chevelu par un bonnet réfrigérant, ou le cuir chevelu lui-même est refroidi en continu avec de l’air froid ou un liquide froid.

Il existe deux explications scientifiques au refroidissement du cuir chevelu dans la prévention de l’ACI. Premièrement, la vasoconstriction, qui diminue le flux sanguin vers les follicules pileux pendant l’administration de concentration de l’agent chimio thérapeutique, réduisant ainsi l’absorption cellulaire ; et deuxièmement, la réduction de l’activité biochimique qui rend les follicules pileux moins sensibles aux dommages causés par l’agent chimio thérapeutique.

Il convient de noter que certains chercheurs se sont montrés préoccupés par la possibilité de métastases cutanées du cuir chevelu (cancer de la peau) après le refroidissement. Toutefois, leurs conclusions ne portaient que sur un suivi de 9 mois.

Le refroidissement du cuir chevelu est actuellement utilisé chez les patients atteints d’hémopathies malignes, et d’hémopathies malignes non hématologiques qui subissent une chimiothérapie.

Prévention pharmacologique de la perte de cheveux induite par la chimiothérapie :

Il n’existe actuellement aucun traitement autorisé pour traiter l’ACI. Les traitements topiques destinés à gérer celle-ci ne doivent pas interférer avec l’efficacité anticancéreuse de la chimiothérapie.

Certaines études démontre que, le modulateur immunitaire AS101 (une substance qui stimule ou supprime le système immunitaire) et le minoxidil, agent favorisant la croissance des cheveux, sont parmi les rares agents qui ont été testés chez l’homme et qui ont été capables de minimiser la gravité ou de raccourcir la durée de l’ACI, mais pas de la prévenir.

Chez les patients recevant une combinaison de carboplatine et d’étoposide, l’AS101 a diminué l’incidence de la ACI.

Par exemple, une solution topique de minoxidil à 5 % a réduit la durée de l’ACI chez les patients atteints de cancer du sein sous chimiothérapie et chez les patients atteints de cancer gynécologique recevant du cyclophosphamide, de la doxorubicine et du cisplatine dans le cadre d’essais cliniques.

D’autre part, le Minoxidil n’a pas été efficace pour prévenir l’ACI chez les patientes recevant de la doxorubicine pour différents types de tumeurs solides ; et n’a pas réussi à induire une repousse significative des cheveux dans les alopécies permanentes induites par le busulfan et le cyclophosphamide.

La gestion (trichologique) de la chimiothérapie pour éviter la perte de cheveux :

La chute de cheveux induite par la chimiothérapie ne peut pas être évitée ; cependant, elle peut être gérée. Il n’existe actuellement aucune directive concernant le traitement préchimiothérapie. Par conséquent, il est crucial pour un trichologue d’évaluer l’état actuel des cheveux et du cuir chevelu du patient atteint de cancer avant de commencer toute séance de chimiothérapie.

En tant que trichologue, les aspects suivants doivent être abordés :

  • Découvrir les troubles antérieurs ou actuels du cuir chevelu (psoriasis, dermatite séborrhéique et dermatite atopique, pour n’en citer que quelques-uns), toute condition de perte de cheveux antérieure à la chimiothérapie, y compris les antécédents familiaux d’alopécie androgénique.

Certainement ils peuvent montrer une prédisposition à certaines formes d’alopécie qui peuvent se manifester après la chimiothérapie. Il est évident que le régime médicamenteux, comme nous l’avons vu précédemment, sera un autre facteur important dans l’évaluation de la probabilité d’une perte de cheveux.

  • Le médecin du patient peut exiger certaines analyses sanguines. Puisque toute carence en fer, en hormones thyroïdiennes et en vitamine D a été liée à la chute des cheveux (6-9) il peut être conseillé de vérifier les niveaux sanguins avant de commencer toute forme de médicament anticancéreux. (10) En plus des tests ANA pour exclure les problèmes auto-immuns.
  • L’utilisation de la trichoscopie comme outil pour montrer la présence d’une alopécie androgénétique à un stade précoce, d’une alopécie areata incognita ou d’une alopécie cicatricielle, comme le lichen planopilar ou le lupus érythémateux discoïde, peuvent toutes causer une alopécie permanente même sans chimiothérapie et peuvent toutes être aggravées par les médicaments anticancéreux. (11-12)
  • Un trichogramme pour évaluer l’état des cheveux avant de commencer la chimiothérapie peut révéler des perturbations du cycle pilaire, à savoir si la plupart des cheveux sont en phase anagène, catagène ou télogène, ce qui permet de prédire la susceptibilité des cheveux aux effets néfastes des agents chimiothérapeutiques.

Tous les tests trichologiques mentionnés ci-dessus peuvent être utilisés pour prédire la probabilité d’une chute de cheveux pendant la chimiothérapie et pour aider à contrôler l’alopécie pendant et après le traitement. La prescription de médicaments permettant d’éviter la chute des cheveux devrait être l’étape suivante. Même si aucun médicament n’a été approuvé pour l’ACI, certains médicaments sur ordonnance ou en vente libre sont disponibles.

Lors de la prise en charge de la chimiothérapie.

En plus du refroidissement du cuir chevelu, pendant et après la chimiothérapie, il convient d’utiliser des stratégies de soins capillaires doux, tel que les produits naturels.

Pour éviter davantage de traumatismes, il est conseillé d’utiliser une brosse douce, et de laver les cheveux uniquement lorsque cela est nécessaire avec un shampooing doux. Il n’est pas nécessaire de couper ou de raser les cheveux courts, mais cela peut être plus confortable. Une perruque peut être utilisée pour aider les patients à faire face à cette affection et protéger le cuir chevelu de l’exposition au soleil et au froid. Une perruque peut également être utilisée pour améliorer les déficits psychologiques des patients.

Le patient pourrait également utiliser ses propres cheveux en les coupant et en les implantant sur un support prothétique. (1-4)

Pour prévenir l’alopécie chimio-induite, plusieurs médicaments ont été essayés, mais aucun n’a été approuvé. L’association de stéroïdes topiques et de vasoconstricteurs topiques pourrait être un outil utile pour prévenir les dommages massifs aux follicules pileux, en particulier aux cellules souches du follicule pileux, et donc l’alopécie permanente.

Le contrôle post-chimiothérapie

Le meilleur traitement chimique pour accélérer la repousse après une chimiothérapie est le minoxidil topique à une concentration de 5 %. Il a été démontré que le minoxidil augmente la phase anagène et élargit les follicules miniaturisés. Il doit être appliqué deux fois par jour pendant au moins 6 mois sur les zones affectées. Il a été démontré qu’il atténue la sévérité et la durée de l’alopécie. (18-19)

Le calcitriol (1,25-dihydroxyvitamine D3), qui était considéré comme l’agent le plus prometteur pour traiter l’ACI, a également été utilisé pour favoriser la repousse des cheveux après une chimiothérapie. (10).

Version abréger par : Jamella Bailey
Vous pouvez lire le texte original ici :

https://cruecosmetics.com/document/chemotheraoy-and-hairloss.pdf

References:

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